Page 194 - Bulbul Hezar
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mon absence; en le disant, s’il arrive que les grains s’arrêtent,
de manière que vous ne puissiez plus les mouvoir ni les faire
couler les uns après les autres comme s’ils étaient collés, ce sera
une marque que j’aurai eu le même sort que notre frère. Mais
espérons que cela n’arrivera pas, et que j’aurai le bonheur de
vous revoir avec la satisfaction que nous attendons vous et moi. »
Le prince Perviz partit; et, le vingtième jour de son voyage, il
rencontra le même derviche à l’endroit où le prince Bahman
l’avait trouvé. Il s’approcha de lui, et après l’avoir salué, il le
pria, s’il le savait, de lui enseigner le lieu où était l’oiseau qui
parlait, l’arbre qui chantait et l’eau jaune. Le derviche lui fit les
mêmes difficultés et les mêmes remontrances qu’il avait faites
au prince Bahman, jusqu’à lui dire qu’il y avait très-peu de
temps qu’un jeune cavalier, dont il lui voyait beaucoup de
ressemblance, lui avait demandé le même chemin; que, vaincu
par ses instances pressantes et par son importunité, il le lui avait
enseigné, et lui avait donné de quoi lui servir de guide et
prescrit ce qu’il devait observer pour réussir; mais qu’il ne
l’avait pas vu revenir, d’où il n’y avait pas à douter qu’il n’eût
eu le même sort que ceux qui l’avaient précédé. « Bon
derviche, reprit le prince Perviz, je sais qui est celui dont vous
parlez: c’était mon frère aîné, et je suis informé ____
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