Page 192 - Bulbul Hezar
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présentement des paroles de la dévote musulmane, après les
             avoir tenues si fermement pour certaines et pour vraies ?

             Croyez-vous qu’elle vous eût parlé de ces trois choses si elles
             n’existaient pas, et qu’elle les eût inventées exprès pour vous
             tromper, vous qui, bien loin de lui en avoir donné sujet, l’avez si
             bien reçue et accueillie avec tant d’honnêteté et de bonté ?
             Croyons plutôt que la mort de notre frère vient de sa faute, ou
             de quelque accident que nous ne pouvons pas imaginer. Ainsi,
             ma sœur, que sa mort ne nous empêche pas de poursuivre

             notre recherche: je m’étais offert de faire le voyage à sa place,
             je suis dans la même disposition; et, comme son exemple ne me
             fait pas changer de sentiment, dès demain je l’entreprendrai. »
             La princesse fit tout ce qu’elle put pour dissuader le prince
             Perviz, en le conjurant de ne pas l’exposer au danger, au lieu
             d’un frère, d’en perdre deux; mais il demeura inébranlable
             nonobstant les remontrances qu’elle lui fit; et, avant qu’il
             partît, afin qu’elle pût être informée du succès du voyage qu’il
             entreprenait, comme elle l’avait été de celui du prince Bahman

             par le moyen du couteau qu’il lui avait laissé, il lui donna aussi
             un chapelet de perles de cent grains pour le même usage, et, en
             le lui présentant: « Dites ce chapelet à mon intention pendant
             _



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