Page 198 - Bulbul Hezar
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derviche, le derviche, qui venait de tirer la boule de son sac, où il
             y en avait un bon nombre d’autres, la lui donna et lui dit l’usage

             qu’il en devait faire, comme ci-devant au prince Bahman ; et,
             après l’avoir bien averti de ne pas s’effrayer des voix qu’il
             entendrait sans voir personne, quelque menaçantes qu’elles
             fussent, mais de ne pas laisser de monter jusqu’à ce qu’il eût
             aperçu la cage et l’oiseau, il le congédia. Le prince Perviz
             remercia le derviche, et quand il fut remonté à cheval, il jeta la
             boule devant le cheval, et en piquant des deux en même temps, il

             la suivit. Il arriva enfin au bas de la montagne, et quand il eut vu
             que la boule s’était arrêtée, il mit pied à terre. Avant qu’il fît le
             premier pas pour monter, il demeura un moment dans la même
             place en rappelant dans sa mémoire les avis que le derviche lui
             avait donnés. Il s’encouragea et il monta, bien résolu d’arriver
             jusqu’au haut de la montagne, et il avança cinq ou six pas ; alors il
             entendit derrière lui une voix qui lui parut fort proche, comme
             d’un homme qui le rappelait et l’insultait en criant : « Attends,
             téméraire, que je te punisse de ton audace. »

             À cet outrage, le prince Perviz oublia tous les avis du derviche ;
             il mit la main sur le sabre, il le tira et il se tourna pour se
             venger ; mais à peine eut-il le temps de voir que personne ne le
             suivait, qu’il fut changé en une pierre noire, lui et son cheval.



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