Page 30 - Griselidis
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De mon heureuse destinée
            Je ne puis, lui dit-il, trop rendre grâce aux Dieux;
            Depuis longtemps je fréquente ces lieux,
            Mais j'avais ignoré jusqu'à cette journée
            Ce qu'ils ont de plus précieux.


            Dans ce temps elle voit que le Prince se baisse
            Sur le moite bord du ruisseau,
            Pour étancher dans le cours de son eau
            La soif ardente qui le presse.
            Seigneur, attendez un moment,
            Dit-elle, et courant promptement
            Vers sa cabane, elle y prend une tasse
            Qu'avec joie et de bonne grâce,
            Elle présente à ce nouvel Amant.


            Les vases précieux de cristal et d'agate
            Où l'or en mille endroits éclate,
            Et qu'un Art curieux avec soin façonna,
            N'eurent jamais pour lui, dans leur pompe inutile,
            Tant de beauté que le vase d'argile
            Que la Bergère lui donna.


            Cependant pour trouver une route facile
            Qui mène le Prince à laVille,



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