Page 98 - Bulbul Hezar
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Dès que les deux princes furent en âge, l’intendant des jardins
             leur donna un maître pour leur apprendre à lire et à écrire, et la

             princesse leur sœur, qui se trouvait aux leçons qu’on leur
             donnait, montra une envie si grande d’apprendre à lire et à
             écrire, quoique plus jeune qu’eux, que l’intendant des jardins,
             ravi de cette disposition, lui donna le même maître. Piquée
             d’émulation, par sa vivacité et par son esprit pénétrant elle
             devint en peu de temps aussi habile que les princes ses frères.
             Depuis ce temps-là, les frères et la sœur n’eurent plus que les

             mêmes maîtres dans les autres beaux-arts, dans la géographie,
             dans la poésie, dans l’histoire et dans les sciences, même dans
             les sciences secrètes; et comme ils n’y trouvaient rien de
             difficile, ils y firent un progrès si merveilleux, que les maîtres
             en étaient étonnés et que bientôt ils avouèrent sans
             déguisement qu’ils iraient plus loin qu’ils n’étaient allés eux-
             mêmes, pour peu qu’ils continuassent. Dans les heures de
             récréation, la princesse apprit aussi la musique, à chanter et à
             jouer de plusieurs sortes d’instruments. Quand les princes

             apprirent à monter à cheval, elle ne voulut pas qu’ils eussent
             cet avantage sur elle; elle fit ses exercices avec eux, de manière
             qu’elle savait monter à cheval, le mener, tirer l’arc, jeter la
             canne ou le javelot avec la même adresse, et souvent même elle
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