Page 270 - Bulbul Hezar
P. 270
me rendrez réponse. »
Les deux princes retournèrent chez eux, mais ils ne se
souvinrent ni l’un ni l’autre, non-seulement de l’aventure qui
leur était arrivée de rencontrer le sultan, et d’avoir eu
l’honneur de chasser avec lui, mais même de parler à la
princesse de celui qu’il leur avait fait de vouloir les emmener
avec lui. Le lendemain, comme ils se furent rendus auprès du
sultan au lieu de la chasse : « Eh bien ! leur demanda le sultan,
avez-vous parlé à votre sœur ? a-t-elle bien voulu consentir au
plaisir que j’attends de vous voir plus particulièrement ? » Les
princes se regardèrent, et la rougeur leur monta au visage, «
Sire, répondit le prince Bahman, nous supplions Votre Majesté
de nous excuser ; ni mon frère ni moi, nous ne nous en sommes
pas souvenus. – Souvenez-vous-en donc aujourd’hui, reprit le
sultan, et demain n’oubliez pas de m’en rendre la réponse. »
Les princes tombèrent une seconde fois dans le même oubli, et
le sultan ne se scandalisa pas de leur négligence ; au contraire, il
tira trois petites boules d’or qu’il avait dans une bourse, et les
mettant dans le sein du prince Bahman : « Ces boules, dit-il
avec un souris, empêcheront que vous n’oubliiez une troisième
fois ce que je souhaite que vous fassiez pour l’amour de moi : le
_
270