Page 272 - Bulbul Hezar
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bruit qu’elles feront ce soir en tombant de votre ceinture vous
en fera souvenir, au cas que vous ne vous en soyez pas souvenu
auparavant. »
La chose arriva comme le sultan l’avait prévue. Sans les trois
boules d’or, les princes eussent encore oublié de parler à la
princesse Parizade, leur sœur. Elles tombèrent du sein du
prince Bahman, comme il eut ôté sa ceinture en se préparant à
se mettre au lit. Aussitôt il alla trouver le prince Perviz, et ils
allèrent ensemble à l’appartement de la princesse, qui n’était
pas encore couchée ; ils lui demandèrent pardon de ce qu’ils
venaient l’importuner à une heure indue, et ils lui exposèrent le
sujet avec toutes les circonstances de leur rencontre avec le
sultan. La princesse Parizade fut alarmée de cette nouvelle.
« Votre rencontre avec le sultan, dit-elle, vous est heureuse et
honorable, et dans la suite elle peut l’être davantage, mais elle
est fâcheuse et bien triste pour moi. C’est à ma considération,
je le vois bien, que vous avez résisté à ce que le sultan
souhaitait; je vous en suis infiniment obligée ; je connais en cela
que votre amitié correspond parfaitement à la mienne. Vous
avez mieux aimé, pour ainsi dire, commettre une incivilité
envers le sultan en lui faisant un refus honnête, à ce que vous
avez cru, que de préjudicier à l’union fraternelle que nous nous
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