Page 240 - Bulbul Hezar
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vie qu’elle venait de leur redonner, qu’en se déclarant ses
esclaves et prêts à faire tout ce qu’elle leur ordonnerait.
« Seigneurs, reprit la princesse, si vous avez fait attention à mon
discours, vous avez pu remarquer que je n’ai eu autre intention,
dans ce que j’ai fait, que de recouvrer mes frères : ainsi, s’il
vous en est arrivé le bienfait que vous dites, vous ne m’en avez
nulle obligation. Je ne prends de part à votre compliment que
l’honnêteté que vous voulez bien m’en faire, et je vous en
remercie comme je le dois. D’ailleurs je vous regarde, chacun
en particulier, comme des personnes aussi libres que vous
l’étiez avant votre disgrâce, et je me réjouis avec vous du
bonheur qui vous en est arrivé à mon occasion. Mais ne
demeurons pas davantage dans un lieu où il n’y a plus rien qui
doive nous arrêter plus longtemps: remontons à cheval et
retournons chacun au pays d’où nous sommes venus. »
La princesse Parizade donna l’exemple la première en allant
reprendre son cheval, qu’elle trouva où elle l’avait laissé. Avant
qu’elle montât à cheval, le prince Bahman, qui voulait la
soulager, la pria de lui donner la cage à porter. « Mon frère,
reprit la princesse, l’oiseau est mon esclave, je veux le porter
moi-même ; mais si vous voulez vous charger de la branche de
l’arbre qui chante, la voilà.Tenez la cage néanmoins pour me la
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