Page 236 - Bulbul Hezar
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mais, quoique la chose que vous me demandez soit d’une plus
grande difficulté que les autres, je ne laisserai pas d’y satisfaire
comme aux autres. Jetez les yeux ici à l’entour, ajouta-t-il, et
voyez si vous n’y verrez pas une cruche. – Je l’aperçois, dit la
princesse. – Prenez-la, dit-il, et en descendant de la montagne,
versez un peu de l’eau dont elle est pleine sur chaque pierre
noire, ce sera le moyen de retrouver vos deux frères. »
La princesse Parizade prit la cruche, et en emportant avec elle
la cage avec l’oiseau, le flacon et la branche, à mesure qu’elle
descendait elle versait de l’eau de la cruche sur chaque pierre
noire qu’elle rencontrait, et chacune se changeait en homme. Et
comme elle n’en omit aucune, tous les chevaux, tant des
princes ses frères que des autres seigneurs, reparurent. De la
sorte, elle reconnut les princes Bahman et Perviz, qui la
reconnurent aussi et qui vinrent l’embrasser. En les embrassant
de même et en leur témoignant son étonnement : « Mes chers
frères, dit-elle, que faites-vous donc ici ? » Comme ils eurent
répondu qu’ils venaient de dormir : « Oui ; mais, reprit-elle,
sans moi votre sommeil durerait encore et il eût peut-être duré
jusqu’au jour du jugement. Ne vous souvient-il pas que vous
étiez venus chercher l’oiseau qui parle, l’arbre qui chante et
l’eau jaune, et d’avoir vu, en arrivant, les pierres noires dont
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