Page 232 - Bulbul Hezar
P. 232
êtes ; mais un jour viendra que je vous rendrai un service dont
j’espère que vous m’aurez quelque obligation. Pour commencer
à vous donner des marques de ma sincérité, faites-moi
connaître ce que vous souhaitez, je suis prêt à vous obéir. »
La princesse, pleine d’une joie d’autant plus inexprimable que
la conquête qu’elle venait de faire lui coûtait la mort de deux
frères chéris tendrement, et à elle-même tant de fatigue et un
danger dont elle connaissait la grandeur, après en être sortie,
mieux qu’avant qu’elle s’y engageât, nonobstant ce que le
derviche lui en avait représenté, dit à l’oiseau, après qu’il eut
cessé de parler : « Oiseau, c’était bien mon intention de te
marquer que je souhaite plusieurs choses qui me sont de la
dernière importance ; je suis ravie que tu m’aies prévenue par
le témoignage de ta bonne volonté. Premièrement, j’ai appris
qu’il y a ici une eau jaune dont la propriété est merveilleuse ; je
te demande de m’enseigner où elle est, avant toute chose. »
L’oiseau lui enseigna l’endroit, qui n’était pas beaucoup
éloigné. Elle y alla, et elle en emplit un petit flacon d’argent
qu’elle avait apporté avec elle. Elle revint à l’oiseau, et elle luit
dit : « Oiseau, ce n’est pas assez, je cherche aussi l’arbre qui
chante ; dis-moi où il est. » L’oiseau lui dit : « Tournez-vous, et
vous verrez derrière vous un bois où vous trouverez cet arbre. »
232