Page 210 - Bulbul Hezar
P. 210
connaître quel est votre sexe, nonobstant votre déguisement en
homme, et que c’est ainsi que je dois vous appeler, je vous
remercie de votre compliment et je reçois avec un très-grand
plaisir l’honneur que vous me faites. J’ai connaissance du lieu
où se trouvent les choses dont vous me parlez ; mais à quel
dessein me faites-vous cette demande ? – Bon derviche, reprit
la princesse Parizade, on m’en a fait un récit si avantageux, que
je brûle d’envie de les posséder. – Madame, repartit le
derviche, on vous a dit la vérité : ces choses sont encore plus
surprenantes et plus singulières qu’on ne vous les a
représentées ; mais on vous a caché les difficultés qu’il y a à
surmonter pour parvenir à en jouir. Vous ne vous seriez pas
engagée dans une entreprise si pénible et si dangereuse si l’on
vous en avait bien informée. Croyez-moi, ne passez pas plus
avant, retournez sur vos pas et ne vous attendez pas que je
veuille contribuer à votre perte. – Bon père, répliqua la
princesse, je viens de loin, et il me fâcherait fort de retourner
chez moi sans avoir exécuté mon dessein. Vous me parlez de
difficultés et du danger de perdre la vie ; mais vous ne me dites
pas quelles sont ces difficultés et en quoi consistent ces dangers
; c’est ce que je désirerais savoir, pour me consulter, et voir si je
pourrai prendre confiance sur ma résolution, sur mon courage
_
210