Page 206 - Bulbul Hezar
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epuis que le prince Perviz était parti, la princesse
Parizade n’avait pas manqué, chaque jour, de porter à la main le
chapelet qu’elle avait reçu de sa main le jour qu’il était parti,
et, quand elle n’avait autre chose à faire, de le dire en faisant
passer les grains par ses doigts l’un après l’autre. Elle ne l’avait
pas même quitté la nuit tout ce temps-là : chaque soir en se
couchant elle se l’était passé autour du cou, et le matin en
s’éveillant elle y avait porté la main pour éprouver si les grains
venaient toujours l’un après l’autre. Le jour enfin, et au
moment que le prince Perviz eut la même destinée que le
prince Bahman, d’être changé en pierre noire, comme elle
tenait le chapelet à son ordinaire et qu’elle le disait, tout à coup
elle sentit que les grains n’obéissaient plus au mouvement
qu’elle leur donnait, et elle ne douta pas que ce ne fût la
marque de la mort certaine du prince son frère. Comme elle
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