Page 130 - Bulbul Hezar
P. 130

grande inquiétude.
             La princesse Parizade était abîmée dans ces pensées quand les

             princes ses frères arrivèrent de la chasse; ils entrèrent dans le
             salon, et au lieu de la trouver le visage ouvert et l’esprit gai,
             selon sa coutume, ils furent étonnés de la voir recueillie en elle-
             même et comme affligée, sans lever la tête pour marquer au
             moins qu’elle s’apercevait de leur présence.
             Le prince Bahman prit la parole: « Ma sœur, dit-il, où sont la
             joie et la gaieté qui ont été inséparables d’avec vous jusqu’à

             présent? Êtes-vous incommodée? vous est-il arrivé quelque
             malheur? vous a-t-on donné quelque sujet de chagrin?
             Apprenez-le-nous, afin que nous y prenions la part que nous
             devons et que nous y apportions remède, ou que nous vous
             vengions si quelqu’un a eu la témérité d’offenser une personne
             comme vous, à laquelle tout respect est dû. »
             La princesse Parizade demeura quelque temps sans rien
             répondre et dans la même situation. Elle leva les yeux enfin en
             regardant les princes ses frères, et les baissa presque aussitôt

             après leur avoir dit que ce n’était rien.
             « Ma sœur, reprit le prince Bahman, vous nous dissimulez la
             vérité. Il faut bien que ce soit quelque chose, et même quelque
             chose de grave, il n’est pas possible que, pendant le peu de
             ____

                                                     130
   125   126   127   128   129   130   131   132   133   134   135