Page 114 - Bulbul Hezar
P. 114
à les suivre, elles la menèrent d’appartement en appartement,
et dans chacun elle considéra toute chose en femme qui
s’entendait en ameublements et dans la belle disposition de
chaque pièce; elles la firent entrer aussi dans le jardin, dont elle
trouva le dessin si nouveau et si bien entendu, qu’elle l’admira
en disant qu’il fallait que celui qui l’avait fait tracer fût un
excellent maître dans son art. Elle fut enfin amenée devant la
princesse, qui l’attendait dans un grand salon, lequel surpassait
en beauté, en propreté et en richesses tout ce qu’elle avait
admiré dans les appartements.
Dès que la princesse vit entrer la dévote: « Ma bonne mère, lui
dit-elle, approchez-vous et venez vous asseoir près de moi; je
suis ravie du bonheur que l’occasion me présente de profiter
pendant quelques moments du bon exempte et du bon
entretien d’une personne comme vous, qui a pris le bon chemin
en se donnant toute à Dieu, et que tout le monde devrait imiter
s’il était sage. »
La dévote, au lieu de monter sur le sofa, voulut s’asseoir sur le
bord, mais la princesse ne le souffrit pas; elle se leva de sa place,
et en s’avançant elle la prit par la main et l’obligea de venir
s’asseoir près d’elle à la place d’honneur. La dévote fut sensible
à cette civilité. « Madame, dit-elle, il ne m’appartient
_______
114