Page 118 - Bulbul Hezar
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« Madame, répondit la dévote, il faudrait être de très-mauvais
goût pour y trouver à reprendre; elle est très-belle, riante,
meublée magnifiquement sans confusion, bien entendue, et les
ornements y sont ménagés on ne peut pas mieux. Quant à la
situation, elle est dans un terrain agréable, et l’on ne peut
imaginer un jardin qui fasse plus de plaisir à voir que celui dont
elle est accompagnée. Si vous me permettez néanmoins de ne
rien dissimuler, je prends la liberté de vous dire, madame, que
la maison serait incomparable si trois choses qui y manquent, à
mon avis, s’y rencontraient. – Ma bonne, reprit la princesse
Parizade, quelles sont ces trois choses? Enseignez-les-moi, je
vous en conjure au nom de Dieu: je n’épargnerai rien pour les
acquérir, s’il est possible. – Madame, reprit la dévote, la
première de ces trois choses est l’oiseau qui parle: c’est un
oiseau singulier, qu’on nomme Bulbulhezar, lequel a encore la
propriété d’attirer des environs tous les oiseaux qui chantent,
lesquels viennent accompagner son chant. La seconde est
l’arbre qui chante, dont les feuilles sont autant de bouches qui
font un concert harmonieux de voix différentes, lequel ne cesse
jamais. La troisième chose enfin est l’eau jaune couleur d’or,
dont une seule goutte, versée dans un bassin préparé exprès en
quelque endroit que ce soit d’un jardin, foisonne d’une manière
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