Page 90 - Griselidis
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Tous les malheurs que vous venez d'ouïr.


            Sachez, poursuivit-il, que l'aimable Personne
            Que vous croyez m'avoir blessé le cœur,
            Est ma Fille, et que je la donne
            Pour Femme à ce jeune Seigneur
            Qui l'aime d'un amour extrême
            Et dont il est aimé de même.


            Sachez encor que touché vivement
            De la patience et du zèle
            De l'Épouse sage et fidèle
            Que j'ai chassée indignement,
            Je la reprends, afin que je répare,
            Par tout ce que l'amour peut avoir de plus doux,
            Le traitement dur et barbare
            Qu'elle a reçu de mon esprit jaloux.


            Plus grande sera mon étude
            À prévenir tous ses désirs,
            Qu'elle ne fut dans mon inquiétude
            À l'accabler de déplaisirs;
            Et si dans tous les temps doit vivre la mémoire
            Des ennuis dont son cœur ne fut point abattu,
            Je veux que plus encore on parle de la gloire



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