Page 186 - Bulbul Hezar
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epuis le départ du prince Bahman pour son voyage, la
             princesse Parizade, qui avait attaché à sa ceinture le couteau
             avec la gaîne qu’il lui avait laissé pour être informée s’il était
             mort ou vivant, n’avait pas manqué de le tirer et de le consulter
             même plusieurs fois chaque jour. De la sorte, elle avait eu la
             consolation d’apprendre qu’il était en parfaite santé et de

             s’entretenir souvent de lui avec le prince Perviz, qui la
             prévenait quelquefois en lui en demandant des nouvelles.
             Le jour fatal enfin que le prince Bahman venait d’être
             métamorphosé en pierre, comme le prince et la princesse
             s’entretenaient de lui sur le soir, selon leur coutume: « Ma
             sœur, dit le prince Perviz, tirez le couteau, je vous prie, et
             apprenons de ses nouvelles. » La princesse le tira, et, en le
             regardant, ils virent couler le sang de l’extrémité. La princesse,
             saisie d’horreur et de douleur, jeta le couteau, « Ah ! mon cher

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