Page 260 - Bulbul Hezar
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plaira. »
Les princes remontèrent à cheval, suivirent le sultan, et ils
n’avaient pas avancé bien loin, quand ils virent paraître
plusieurs bêtes tout à la fois. Le prince Bahman choisit un lion,
et le prince Perviz, un ours ; ils partirent l’un et l’autre en
même temps avec une intrépidité dont le sultan fut surpris. Ils
joignirent leur chasse presque aussitôt l’un que l’autre, et ils
lancèrent leur javelot avec tant d’adresse, qu’ils percèrent, le
prince Bahman le lion, et le prince Perviz l’ours d’outre en
outre, et que le sultan les vit tomber en peu de temps l’un après
l’autre. Sans s’arrêter, le prince Bahman poursuivit un autre
ours, et le prince Perviz un autre lion, et en peu de moments ils
les percèrent et les renversèrent sans vie. Ils voulaient
continuer, mais le sultan ne le permit pas ; il les fit rappeler, et
quand ils furent venus se ranger près de lui : « Si je vous laissais
faire, dit-il, vous auriez bientôt détruit toute ma chasse. Ce
n’est pas tant ma chasse néanmoins que je veux épargner que
vos personnes, dont la vie me sera désormais très-chère,
persuadé que votre bravoure, dans un temps, me sera beaucoup
plus utile qu’elle ne vient de m’être agréable. »
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