Page 290 - Bulbul Hezar
P. 290

capables : de ma vie je n’ai eu entretien qui m’ait fait plus de
             plaisir que le vôtre. Mais en voilà assez, il est temps que vous

             vous délassiez l’esprit par quelque divertissement de ma cour,
             et comme aucun n’est plus capable d’en dissiper les nuages que
             la musique, vous allez entendre un concert de voix et
             d’instruments qui ne sera pas désagréable. »
             Comme le sultan eut achevé de parler, les musiciens, qui
             avaient eu l’ordre, entrèrent et répondirent fort bien à l’attente
             qu’on avait de leur habileté. Des farceurs excellents

             succédèrent au concert, et des danseurs et des danseuses
             terminèrent le divertissement.
             Les deux princes, qui virent que la fin du jour approchait, se
             prosternèrent aux pieds du sultan et lui demandèrent la
             permission de se retirer, après l’avoir remercié de ses bontés et
             des honneurs dont il les avait comblés ; et le sultan, en les
             congédiant, leur dit : « Je vous laisse aller, et souvenez-vous que
             je ne vous ai amenés à mon palais moi-même que pour vous en
             montrer le chemin, afin que vous y veniez de vous-mêmes :

             vous serez les bienvenus, et plus souvent vous y viendrez, plus
             vous me ferez de plaisir. »
             Avant de s’éloigner de la présence du sultan, le prince Bahman
             lui dit : « Sire, oserions-nous prendre la liberté de supplier
             ____

                                                     290
   285   286   287   288   289   290   291   292   293   294   295