Page 166 - Bulbul Hezar
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e derviche rompit enfin son silence. « Seigneur, dit-il au
prince Bahman, le chemin que vous me demandez m’est connu;
mais l’amitié que j’ai conçue pour vous dès que je vous ai vu, et
qui est devenue plus forte par le service que vous m’avez rendu,
me tient encore en suspens pour savoir si je dois vous accorder
la satisfaction que vous souhaitez. – Quel motif peut vous
empêcher, reprit le prince, et quelle difficulté trouvez-vous à
me la donner? – Je vous le dirai, repartit le derviche; c’est que
le danger auquel vous vous exposez est plus grand que vous ne
le pouvez croire. D’autres seigneurs, en grand nombre, qui
n’avaient ni moins de hardiesse ni moins de courage que vous
en pouvez avoir, ont passé par ici et m’ont fait la même
demande que vous m’avez faite. Après n’avoir rien oublié pour
les détourner de passer outre, ils n’ont pas voulu me croire; je
leur ai enseigné le chemin malgré moi en ___
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