Page 360 - Bulbul Hezar
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e sultan des Indes ne pouvait s’empêcher d’admirer la
             mémoire prodigieuse de la sultane son épouse, qui ne s’épuisait
             point, et qui lui fournissait toutes les nuits de nouveaux
             divertissements, par tant d’histoires différentes.
             Mille et une nuits s’étaient écoulées dans ces innocents
             amusements ; ils avaient même beaucoup aidé à diminuer les

             préventions fâcheuses du sultan contre la fidélité des femmes ;
             son esprit était adouci ; il était convaincu du mérite et de la
             grande sagesse de Scheherazade ; il se souvenait du courage avec
             lequel elle s’était exposée volontairement à devenir son épouse,
             sans appréhender la mort à laquelle elle savait qu’elle était
             destinée le lendemain, comme les autres qui l’avaient précédée.
             Ces considérations et les autres qualités qu’il connaissait en elle,
             le portèrent enfin à lui faire grâce. « Je vois bien, lui dit-il, _






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