Page 154 - Bulbul Hezar
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vous défigurent et vous font ressembler plutôt à un ours qu’à
un homme. »
Le derviche ne s’opposa pas au dessein du prince, il le laissa
faire; et comme le prince, quand il eut achevé, eut vu que le
derviche avait le teint frais et qu’il paraissait beaucoup moins
âgé qu’il ne l’était en effet, il lui dit: « Bon derviche, si j’avais
un miroir, je vous ferais voir combien vous êtes rajeuni: vous
êtes présentement un homme, et auparavant personne n’eût pu
distinguer ce que vous étiez. »
Les caresses du prince Bahman lui attirèrent de la part du
derviche un sourire avec un compliment. « Seigneur, dit-il, qui
que vous soyez, je vous suis infiniment obligé du bon office que
vous avez bien voulu me rendre; je suis prêt à vous en marquer
ma reconnaissance en tout ce qui peut dépendre de moi. Vous
n’avez pas mis pied à terre que quelque besoin ne vous y ait
obligé: dites-moi ce que c’est, je tâcherai de vous contenter si je
le puis.
– Bon derviche, reprit le prince Bahman, je viens de loin, et je
cherche l’oiseau qui parle, l’arbre qui chante et l’eau jaune. Je
sais que ces trois choses sont quelque part ici aux environs, mais
j’ignore l’endroit où elles sont précisément. Si vous le savez, je
vous conjure de m’enseigner le chemin, afin que je ne __
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