Page 57 - La Princess Belle Étoile et le Prince Chérie
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toujours les plaisirs; que le cours de la vie est
limité; qu'on la quitte souvent au milieu de sa
carrière; que les grandeurs du monde sont de
faux brillants dont on se laisse éblouir par une
fatalité étrange, et que le plus solide de tous
les biens, c'est de savoir se borner, jouir de sa
tranquillité, et se rendre sage.»
Le corsaire n'aurait pas fini si tôt ses
remontrances, s'il n'eût été interrompu par le
prince Heureux.
«Mon cher père, lui dit-il, nous avons trop
d'envie de découvrir quelque chose de notre
naissance, pour nous ensevelir au fond d'un
désert: la morale que vous établissez est
excellente, et je voudrais que nous fussions
capables de la suivre, mais je ne sais quelle
fatalité nous appelle ailleurs; permettez que
nous remplissions le cours de notre destinée,
nous reviendrons vous revoir et vous rendre
compte de toutes nos aventures.»
À ces mots le corsaire et sa femme se prirent à
pleurer. Les princes s'attendrirent fort,
particulièrement Belle-Étoile, qui avait un
naturel admirable, et qui n'aurait jamais pensé
à quitter le désert, si elle avait été sûre que
Chéri fût toujours resté avec elle.
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