Page 54 - La Princess Belle Étoile et le Prince Chérie
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partir et le dire. Le premier soutenait que
c'était le moyen le plus sûr, parce que le gain
qu'ils faisaient en les peignant les obligerait de
les retenir; l'autre répondait qu'il aurait été
bon de les quitter si l'on avait su un lieu fixe
où aller, et de quelle condition l'on était, mais
que le titre d'errants dans le monde n'était pas
agréable; le dernier ajoutait qu'il y aurait de
l'ingratitude de les abandonner sans leur
agrément; qu'il y aurait de la stupidité de
vouloir rester davantage avec eux au milieu
d'une forêt, où ils ne pourraient apprendre qui
ils étaient, et que le meilleur parti c'était de
leur parler, et de les faire consentir à leur
éloignement. Ils goûtèrent tous cet avis.
Aussitôt ils montèrent à cheval pour venir
trouver le corsaire et Corsine.
Le coeur de Chéri était flatté par tout ce que
l'espérance peut offrir de plus agréable pour
consoler un amant affligé: son amour lui faisait
deviner une partie des choses futures: il ne se
croyait plus le frère de Belle-Étoile; sa passion
contrainte prenant un peu l'essor, lui
permettait mille tendres idées qui le
charmaient. Ils joignirent le corsaire et
Corsine avec un visage mêlé de joie et
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