Page 80 - Bulbul Hezar
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hors de l’enceinte d’un mur qui bornait la vue de
l’appartement de la sultane par le bas, d’où il continuait en
passant au travers du jardin du palais. Par hasard l’intendant des
jardins du sultan, l’un des officiers principaux et des plus
considérés du royaume, se promenait dans le jardin, le long du
canal. Comme il eut aperçu la corbeille, qui flottait, il appela un
jardinier qui n’était pas loin. « Va promptement, dit-il en la lui
montrant, et apporte-moi cette corbeille, que je voie ce qui est
dedans. » Le jardinier part, et du bord du canal, il attire la
corbeille à soi adroitement avec la bêche qu’il tenait, l’enlève et
l’apporte. lui eût représenté que Sa Majesté ne pouvait pas, sans
injustice, la regarder comme responsable des bizarreries de la
nature.
L’intendant des jardins fut extrêmement surpris de voir un
enfant enveloppé dans la corbeille, et un enfant, lequel,
quoiqu’il ne fît que de naître, comme il était aisé de le voir, ne
laissait pas d’avoir des traits d’une grande beauté. Il y avait
longtemps que l’intendant des jardins était marié; mais,
quelque envie qu’il eût d’avoir lignée, le ciel n’avait pas encore
secondé ses vœux jusqu’alors. Il interrompt sa promenade, se
fait suivre par le jardinier, chargé de la corbeille et de l’enfant,
et quand il fut arrivé à son hôtel, qui avait entrée dans le jardin
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