Page 24 - La Princess Belle Étoile et le Prince Chérie
P. 24
faisaient entendre bien loin. Les confidents de
la reine-mère lui avaient conseillé de cacher sa
mauvaise humeur, parce que le roi s'en
offenserait, et que cela pourrait avoir des
suites fâcheuses: elle se contraignit donc, et ne
fît paraître que de l'amitié à ses deux belles-
filles, leur donnant des pierreries et des
louanges indifféremment sur tout ce qu'elles
faisaient bien ou mal.
La reine Blondine et la princesse Brunette
étaient étroitement unies; mais à l'égard de
l'amirale Rousse, elle les haïssait
mortellement.
«Voyez, disait-elle, la bonne fortune de mes
deux soeurs: l'une est reine, l'autre princesse
du sang, leurs maris les adorent; et moi, qui
suis l'aînée, qui me trouve cent fois plus belle
qu'elles, je n'ai qu'un amiral pour époux, dont
je ne suis point chérie comme je devrais
l'être.»
La jalousie qu'elle avait contre ses soeurs, la
rangea du parti de la reine-mère; car l'on
savait bien que la tendresse qu'elle témoignait
à ses belles-filles n'était qu'une feinte, et
qu'elle trouverait avec plaisir l'occasion de leur
faire du mal.
24