Page 156 - La Princess Belle Étoile et le Prince Chérie
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malheureuse, bien qu'ils ne la connussent
point, les larmes leur vinrent aux yeux, soit
que la révolution des grandeurs du monde les
touchât, ou qu'ils fussent émus par la force du
sang qui se fait souvent ressentir. Mais que
pensa la mauvaise reine d'un retour si peu
espéré et si contraire à ses desseins? Elle jeta
un regard furieux sur Feintise, qui désirait
ardemment alors que la terre s'ouvrît pour s'y
précipiter.
Le roi présenta les beaux enfants à sa mère, lui
disant mille biens d'eux; et malgré
l'inquiétude dont elle était saisie, elle ne laissa
pas de leur parler avec un air riant, et de leur
jeter des regards aussi favorables que si elle les
eût aimés, car la dissimulation était en usage
dès ce temps-là. Le festin se passa fort
gaiement, quoique le roi eût une extrême
peine de voir manger sa femme avec ses
doguins, comme la dernière des créatures;
mais ayant résolu d'avoir de la complaisance
pour sa mère, qui l'obligeait à se remarier, il la
laissait ordonner de tout.
Sur la fin du repas, le roi adressant la parole à
Belle-Étoile:
«Je sais, lui dit-il, que vous êtes en possession
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